Se reconstruire après une infidélité

Quand l'infidélité éclate au grand jour, le couple est pris dans la tourmente. Mille questions se posent : Que s'est-il passé dans notre relation pour que nous en arrivions là ?

Que faut-il faire : rester, partir ?

Comment se comprendre l'un l'autre, retrouver la confiance, pardonner?

Le tsunami est passé, vous avez survécu et vous décidez après de longues réflexions de reconstruire votre couple.

Néanmoins, rien n'est joué, tout est extrêmement fragile et peux basculer d'un côté ou de l'autre : le moindre faux pas peux annuler les efforts de plusieurs mois, la situation reste longtemps précaire et incertaine.

Le fait de décider de rester ensemble et d'œuvrer à reconstruire la relation ne signifie pas que tout redevient facile en un instant.

Il va falloir du temps pour nettoyer les dégâts de ce tsunami et, pendant ce temps, apprendre à reconstruire sur de nouvelles bases, alors que l'on est dans le stress et la souffrance.

Comment affronter la colère, le ressentiment, la méfiance, l'incapacité à pardonner ?

Comment adhérer au désir de reconstruire la relation, alors même qu'on ne se sent pas très amoureux, ni particulièrement aimé ?

L'erreur serait de se reconstruire en demi-teinte, comme si rien n'avait changé, comme si rien n'avait besoin de changer. S'il y a des conditions à réunir pour se donner toutes les chances de succès, il ne faut pas méconnaitre que de nombreux obstacles se dressent devant soi. Si nous sommes conscients des forces qui entravent la restauration du couple, nous parvenons plus facilement à les dépasser.

Les obstacles à la reconstruction.

Les obstacles du côté de la personne infidèle

1. Le souhait de préserver le lien nouveau. La personne qui a été infidèle éprouve des difficultés à se couper d'une personne avec laquelle elle a été si bien. Son souhait de poursuivre cette relation traduit sa réticence à perdre ce qu'elle en tirait de positif. Comparer la relation officielle et la relation extraconjugale érige un obstacle difficilement franchissable. L'une ne fait pas le poids par rapport à l'autre et à de nombreux égards (il n'y a pas les contraintes du quotidien, on y trouve la délicieuse intensité de la fusion amoureuse, on nourrit l'espoir de devenir quelqu'un de différent).  Au delà des comparaisons, il est peut être difficile de choisir entre l'excitation, les promesses d'une nouvelle vie et la stable sécurité de la relation de couple.

2. Les difficultés à s'ouvrir à son conjoint Certaines personnes trompées ne souhaitent pas avoir de détails sur la relation extraconjugale, beaucoup cependant éprouvent le besoin d'en connaitre. Cela représente pour eux un élément important dans la reconstruction de leur couple. Quand le conjoint trompé exprime ce souhait et que son ou sa partenaire hésite ou refuse de révéler certains aspects de sa relation extraconjugale, le doute s'installe de plus belle : "Que me cache t'il/elle?", " Suis je moins bien?", "moins intéressant ?","moins sexy?"... Ce silence inquiète le partenaire qui entre dans des fantasmes souffrants.

3. L'impatience Le processus de reconstruction prend du temps et face aux reproches et aux questions de la personne trompée, la personne infidèle peut perdre patience, ce qui peut aussi être de le reflet de la colère d'avoir dû interrompre sa relation extraconjugale. L'impatience est un piège redoutable qui peut miner tous les efforts. Il est important que le temps des deux partenaires n'est pas le même (l'un a pris la décision, il a renoncé à l'autre personne et veut reconstruire au plus vite, alors que la personne trompée doit d'abord digérer le traumatisme de l'infidélité, apaiser ses émotions avant de pouvoir envisager les choses plus sereine et constructive. Même si elle souhaite la réconciliation, elle demeure sur ses gardes car elle craint de souffrir à nouveau. Et le manque d'empathie et de compréhension pendant la période de reconstruction pourrait être plus difficile à pardonner pour la personne trompée. Il peut en résulter de l'amertume, un vécu d'incompréhension et une sourde rancœur.
   

4. Le découragement Pour reconstruire son couple, il faut y croire un minimum. Si nous avons des doutes, il faut les exprimer le plus rapidement possible. Si on part battu d'avance ou s'y on n'y croit plus, on risque de voir le verre à moitié vide. Par exemple, ils s'engagent dans une thérapie de couple .... mais à reculons. Au quotidien, ils se braquent à la moindre contrainte et font preuve de mauvaise volonté, cela permet juste de renforcer la conviction que tout est irrémédiablement perdu.

Rien n'est perdu tant que l'on y a pas renoncé définitivement ...

Les obstacles du côté de la personne trompée.

1. La peur Accepter de reconstruire son couple porte pour la personne trompée la menace de souffrir à nouveau si le conjoint trompe une nouvelle fois à l'avenir. Certains ne parviennent jamais à baisser la garde, tant est forte la peur. Cette peur qui mène à la suspicion, d'autres n'arrivent plus à croire leur conjoint, estimant qu'il ou elle ne fait que noyer le poisson par ses promesses et ses discours rassurants. Une telle méfiance rend aléatoire toute dynamique de reconstruction car la personne trompée attend des preuves de changement, tout en les remettant immédiatement en question. Cettepeur est compréhensible, c'est même une protection légitime, mais elle risque parfois de tourner à la parano, il est donc primordial de ne pas la laisser prendre le pouvoir, que cela soit pour la reconstruction mais aussi et surtout pour la psyché et le corps de la personne trompée.
   

2. La colère Après l'infidélité, les raisons d'être en colère sont légion chez la personne trompée. Elle en veut à son conjoint de sa trahison, de son manque d'empathie, de sa trop grande empathie envers l'autre personne, de son ambivalence ou de son manque d'entrain à reconstruire.... La colère n'est pas trés loin de la peur que parfois elle dissimule. Et comme la peur, la colère rend trop rigide. Elle peut rendre aveugle aux efforts que l'autre fait sincèrement pour se faire pardonner. Il faut faire attention aussi car la colère peut se muer en un désir de vengeance qui passe par le vœu plus ou moins conscient de punir l'autre. Si la personne n'est pas vigilante, ce souhait peut prendre le pas sur le désir de reconstruction. Une attitude trop répressive ou une culpabilisation trop massive peuvent conduire l'autre partenaire à renoncer. L'expression de sa colère et comprendre qu'être blessée ne l'autorise pas à tous les excès. Attention aussi au désir de punir l'autre en le quittant, certes l'autre va peut-être souffrir de cette situation, mais vouloir partir pour punir son conjoint infidèle revient parfois à se punir soi même. Si on veut se donner des chances de reconstruction, il faut accepter , à un moment donné, de renoncer à la colère et de passer à la posture de pacificateur. Un pacificateur qui œuvre pour le couple et non contre lui. Il n'y aura pas de pardon si la colère persiste indéfiniment.
   

3. Le doute Le doute est un obstacle insidieux. Aux yeux de la personne trompée, il remet en question les motivations de la personne infidèle à vouloir restaurer la relation de couple. "Est ce qu'il reste pour moi, la maison, le confort ou pour les enfants ......... ?", " Est ce qu'elle reste pour moi ou pour ne pas être seule ?" Ces questions reflètent une inquiétude qui touche au manque de confiance en soi. La personne trompée doute de sa valeur, l'infidélité a percuté de plein fouet son estime d'elle même. Il est donc normal que de telles questions émergent. En revanche, il faut que le ou la partenaire revienne "aussi pour soi". Comment le savoir ? Uniquement sur la base de la qualité émotionnelle et relationnelle que l'on parviendra, ou pas, à reconstruire ensemble au fil du temps. Ce sera la seule et unique preuve.
   

4. Le découragement La personne trompée partage souvent le même découragement que la personne infidèle. Un jour, elle y croit dur comme fer, le lendemain tout semble vain et voué à l'échec. De toxiques et pernicieuses pensées tournent dans sa tête :"M'a t il jamais aimée finalement ?", "Si tu m'as trompé une fois, qui me dit que tu ne le feras pas une seconde fois ?" Comment puis je de nouveau te faire confiance?" Le risque est de verser dans une flagellation émotionnelle négative.
   

5. Le désir que tout aille bien trop vite Nombreux sont ceux qui tolèrent mal le conflit et font tout pour l'éviter. La période suivant la découverte de l'infidélité est tellement conflictuelle que beaucoup essaient de désamorcer au plus vite tout débordement émotionnel. Si la décision de continuer est prise, ils craignent un revirement de situation et tentent alors de préserver le semblant d'harmonie retrouvé, même si elle est factice. Il croient ainsi faire l'économie d'une confrontation douloureuse, mais sans s'en rendre compte, ils font l'obstacle à la restauration d'une authentique intimité. Aucun travail de fond n'est malheureusement entrepris. Ils restent dans une illusion, les problèmes restent inchangés, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Cette pseudo assurance ouvre la porte à une nouvelle infidélité. Il faut affronter la réalité, un évènement majeur s'est passé dans la relation.

Et enfin, lorsque l'on décide de donner une chance à son couple, une étape indispensable consiste à comprendre le sens de la relation extraconjugale. Cette clarification et cette compréhension sont utiles, autant pour la personne infidèle que pour son ou sa partenaire. On ne peut parvenir à une reconstruction de qualité si on ignore les forces qui ont contribué à l'émergence de la relation extraconjugale. Tenter de se retrouver sans connaitre ces lignes de force mène à une impasse.

Pour vous aider dans ce travail de compréhension et de reconstruction, il est parfois conseiller de se faire aider par un thérapeute de couple afin de ne pas être seul, il vous aidera à clarifier les raisons, les manques et les besoins de chacun.

Source : Est ce que tu m'aimes encore de Christophe Fauré